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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 18:24
Soigné le jour et torturé à mort la nuit

C’est en présence des autorités locales, de Saïd Abadou et des figures légendaires encore en vie de la wilaya IV historique que la population d’El Kantara a rendu hommage hier à l’un de ses plus valeureux enfants martyrs : le commandant Driss Amor lequel, grièvement blessé dans une bataille près de Boussaâda, sera fait prisonnier par les paras du colonel Ducasse alors qu’une quarantaine d’officiers de l’ALN, parmi lesquels Amirouche et Si El Haouès tomberont un à un au champ d’honneur, les armes à la main après avoir vendu chèrement leur vie.


Le 28 mars 1959, un promontoire du Djebel Thameur, partiellement couvert de touffes d’alfa, va rentrer dans l’Histoire en tant que Cameron de la wilaya VI historique. En effet, la patrouille d’une quarantaine d’hommes, qui accompagnait une délégation de représentants des combattants de l’intérieur en direction de la frontière tunisienne, tomba dans une embuscade et fut, dès le lever du jour, encerclée de toutes parts par plusieurs corps d’armées : artillerie, fantassins, aviation et 2500 étrangers parachutistes de l’armée française ; l’objectif étant de faire prisonnier les deux chefs de wilaya. Agé à l’époque de 28 ans, Driss Amor, alors 1er adjoint de Si El Haouès, se distingua particulièrement dans cette bataille en abattant un chasseur bombardier T6 de l’armée de l’air française. Seul survivant grièvement blessé, il sera emprisonné à Djelfa dans le casernement du capitaine Gailot Lavallée. Soigné le jour par des médecins militaires, Driss Amor est torturé toutes les nuits pendant les deux mois que durera son martyre. Dans le magazine Historia n° 285 du 5 février 1973, François Milles atteste que Driss Amor « est resté de marbre pendant tous les interrogatoires auxquels j’ai assisté » et d’ajouter sans état d’âme : « bien que mourant, il continuera à être interrogé mais il ne desserrera jamais les dents. » Finalement, après deux mois de ce traitement inhumain sous surveillance médicale, la dépouille mortelle suppliciée de Driss Amor sera abandonnée à la sortie de la ville de Djelfa, ville où il sera inhumé à la fin de la première semaine de juin 1959. El Kantara s’enorgueuillit d’avoir vu naître, un 15 juillet 1931, le jeune Mohamed Driss Alias Amor Fayçal : « enfance perturbée, partagé entre la zaouïa, l’école primaire et les incursions, et autres excursions que nous faisions sous sa houlette dans les gorges profondes de l’oued El haï », se rappelle un de ses camarades de la communale. Jeune scout dans le même groupe que Larbi Ben M’hidi, ils seront vite remarqués par hamma Assami qui les enrôlera dans le PPA. Ce qui n’empêchera pas Driss Amor de faire régulièrement des virées à Alger. habitué de la rue de Tanger et grand amateur de la chanson chaâbi, le jeune Amor ne détestait pas l’ambiance des salles obscures où l’on projetait les classiques des westerns. « C’était une ‘‘tête brûlée’’, un homme, un vrai de vrai », reconnaît un de ses compagnons d’armes. Et d’expliquer qu’il prenait plaisir à braver ses supérieurs de l’ALN, en continuant à fumer ses bastos et autres camélia sport et qui plus est, en autorisant ses djounoud à faire de même, alors que les instructions l’interdisaient formellement. Tous les anciens de la wilaya VI historique reconnaissent que c’est à la katiba de Driss qu’on confiait les missions les plus périlleuses comme le franchissement des lignes Challe et Morice et le convoyage des armes et minutions à destination des combattants de l’intérieur. Sa haute stature (1 m 90), un faciès à la John Wayne, sa sincérité et son franc-parler en imposèrent à plus d’un. Son courage légendaire n’a d’égal que sa fidélité à ses amis : n’a-t-il pas tenu tête aux colonels Lotfi et Boussouf, alors que simple officier de liaison il a défendu bec et ongles cheïkh Ziane, injustement accusé d’intelligence avec Bellounis ?


Par Bachir Mebarek

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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 18:22

 

 


 

 

 

A El Bayadh, village natal de cheikh Ziane, chef incontesté de la zone sud qui deviendra par la suite la Wilaya VI historique, la population estimée à 3000 âmes a refusé d’inscrire les 80 collégiens de la bourgade au CEM de la commune « voisine » de Besbès, distante de... 90 km de piste et disposant pourtant d’un internat, comme elle a refusé aussi de les envoyer étudier dans le CEM de Aïn Alleugue dans la daïra de Aïn El Melh située dans la wilaya de... M’sila, et distante seulement d’une quinzaine de kilomètres de piste également.

 

La population confinée dans ce coin perdu de l’Algérie profonde en a ras-le -bol des pistes. Les agropasteurs de cette oasis de montagne, enclavée à l’extrême nord-ouest de la wilaya des Ziban, qu’aucun taxi ou transport en commun, public ou privé, ne relie à Sidi Khaled, chef-lieu de la daïra situé précisément à 200 km et dont dépend administrativement El Bayadh, entendent protester vivement par cette grève, contre l’oubli et la hogra dont ils semblent faire l’objet. « Depuis belle lurette, disent-ils, nous réclamons d’autres moyens de transport scolaire pour nos 80 collégiens, sans qu’on nous prête une oreille attentive. » En effet, le minibus qui leur a été affecté, il y a de cela plusieurs années, ne suffit plus à convoyer tous les enfants, pour la plupart des garçons. « Les filles on n’en parle pas ; elles arrêtent leur scolarité à la fin du cycle primaire. Il n’est pas question d’envoyer chaque jour une adolescente étudier à 100 km du domicile paternel ! », ajoutent les parents d’élèves. Certains habitants ajoutent : « Vivement le nouveau découpage, nous demanderons alors le rattachement pur et simple de notre région soit à la nouvelle wilaya de Bou Saâda, soit à la wilaya de M’sila, puisque Biskra nous ignore. Interrogé, le chef de la daïra de Sidi Khaled nous répond qu’effectivement les collégiens d’El Bayadh et d’Oum Gred n’ont rejoint leur classe que samedi dernier, après l’affectation d’un deuxième bus de ramassage scolaire. « Cependant, nous nous sommes déplacés à El Bayadh, et avec les représentants de la population, nous avons discuté, jusque tard dans la nuit, de tous les problèmes, y compris l’ouverture d’une annexe du CEM à El Bayadh où le problème de goudronnage de la piste sera résolu dans le programme de l’appui à la relance économique prévu pour 2005-2009 », a-t-il indiqué.

Par Bachir Mebarek

 

 


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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 14:37
Posté par : farouk Zahi
Profession : Cadre de l'administration sanitaire à la retraite
Date : 02/10/2007
Djebel Messaad nouvelle dénomination de la commune de Ain Oghrab,est en fait, cette zone montagneuse boisée du massif saharien dans les monts des Ouled Nail. Investi dès 1945 par El Hadj Belgacem "Lemnafègue" archétype du bandit d'honneur, il devenait dès décembre 1955, le fief "des bandes fellaghas de Achour Ziane" Si El Haouès et plus tard Mohamed Chabani y implantaient le QG de la future wilaya 6 historique. Le poste de commandement situé à Zaafrania,n'ajamis pu être inveti par les forces armées coloniales et ce jusqu'au recouvrement de l'Indépendance.Ses batailles célèbres sont celles de Grin-Kebch, Mimouna,Masmoudi, Zarga,Maghnia et Djebeil Thameur où les colonels Amirouche et Si el Haouès étaient accrochés le 29 mars 1959. Cette belle région offre au visiteur un coin vert avec des sommets enneigés en hiver.La commune dispose d'une auberge de jeunes et d'un parc de loisir. On peut joindre Biskra par Oued Chair, Dlelfa par Slim ou encore Ghardaia par Ain Rich et Messaad sur les piémonts du Djebel Boukhil autre haut lieu de la guerre de libération nationale.
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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 14:35

Bou Saàda, une médina anciennement appelée cité du bonheur



* Par Farouk Zahi…(El Watan)Dans son étude d’anthropologie sociale « Cultures oasiennes », Youssef Nacib fait remonter sa création aux Gétules, peuplades berbères de l’antique Numidie. Quand bien même, romaine ou hilalienne peu importe, elle est là, traversant le temps ; les deux derniers siècles l’ont marquée de profonds stigmates.

Ouverte par Belkacem Maâmeri, président de l’Assemblée populaire de la wilaya, cette manifestation, inscrite dans le registre du devoir de mémoire, débuta par deux communications introductives de Mohamed Houari, sociologue, et Rachid Bou Saâda, professeur de sociologie à l’Université d’Alger, sur le contexte religieux et sociologique de la région au tout début de l’occupation coloniale. L’opposition à la spoliation fut régulière et diverse. La révolte de Cheikh Mohamed Benchabira, chef religieux, et ses khouane opposèrent une vive résistance en novembre 1849, quelques jours avant la révolte des Zaâtcha. Elle fut suivie bien plus tard par les révoltes des Ouled Ameur et des Ouled Fredj. Plusieurs familles du clan Mokrani, exilées, trouvèrent refuge auprès de la zaouïa d’El Hamel. Centre géographique à la croisée des grandes voies menant aussi bien de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud, Bou Saâda constitue un point nodal stratégique de tous les courants, commerciaux, sociologiques et politiques. C’est ainsi que le premier conférencier s’est appesanti sur les nombreuses résistances opposées à l’occupation coloniale depuis 1830 et sous toutes les formes, et ce, jusqu’au déclenchement de la révolution armée.

La vieille communauté d’essence pastorale et citadine a su se prémunir de l’invasion armée de tout temps en lui opposant les bastions cultuels et culturels. La preuve de la résistance religieuse est confortée par Mohamed Tahar Khalifa dans son intervention où il disait : « On ne nous appelait pas révolutionnaires, mais moudjahidine. Il est bien évident qu’un peuple placé sous le joug de la faim, l’analphabétisme et le déni ne pouvait résister que sous l’étendard de la conviction religieuse et de la foi. » Il rappelle, à ce titre, ce déserteur de l’armée française qui rejoint les rangs de l’ALN à Chabaât El Guettara en octobre 1956, mort au combat un mois après. On ne lui connaissait pas de nom, il se faisait appeler « Djab rouhou bi yeddou ». C’est-à-dire, recruté sans contrainte. L’orateur responsable de la ville de Bou Saâda et de sa périphérie immédiate, de 1958 à 1961, a longuement parlé du soutien logistique apporté aux unités combattantes à partir des cellules politico-administratives (OPA), au nombre de six, qui activaient au sein de la ville. Elles étaient souvent constituées de personnes au dessus de tout soupçon. Il évoquera ainsi, à titre indicatif, Mostefa Mohamedi, Ahmed Bensiradj, Smaïl Chaoui et le lieutenant Baroudi. Ce dernier, officier d’active dans l’armée française, était structuré dans ces cellules clandestines.

Compte tenu du blocus imposé à la région en matière d’armement, les responsables de cette époque ont chargé son épouse, native de la ville, de faire la jonction avec le commandement au Maroc. Elle fera le déplacement par la route jusqu’à Tlemcen, ensuite à Oujda. Le choix et la volonté de ces personnes, qui s’exposaient à un danger certain, participaient de leur apparente proximité avec l’administration française. Ces cellules, qui collectaient les fonds destinés au financement du maquis, étaient de véritables places fortes du renseignement. Tout mouvement de troupe de l’ennemi était signalé, ce qui permettait aux unités combattantes de se prémunir de toute surprise. La communauté mozabite de la ville, relativement importante, a participé financièrement sous la conduite de Ahmed Smaoui. Il n’était pas aisé d’accéder au commerce de ce dernier à cause des nombreux postes militaires ; aussi, le défunt M’Hamed Boutchicha, un djoundi et l’orateur, emmitouflés dans des melhfa (voile traditionnel de femme), ont pu le contacter en plein jour. Il ajoute : « C’est ainsi que nous passions à 9 h du matin à quelques mètres d’officiers en palabre à l’entrée principale de l’hôtel Transat, occupé par le commandement militaire français ».

Il rappelle cette autre aventure où, dans le même accoutrement, ils traversèrent de nuit un barrage militaire fortement gardé sous la conduite du jeune Mohamed Salah Mohamedi, la cocarde tricolore bien en évidence sur le pare-brise de la Peugeot 203. Plus que le fait d’armes, l’absence de renseignements et de financement pouvait faire échouer n’importe quelle organisation militaire. Et c’est à ce titre qu’il évoque le hold-up de la recette des contributions diverses de la ville. Planifiée comme coup de force, cette opération fut menée sans risques mortels pour le groupe de choc qui devait être constitué à cet effet. Les jeunes employés de ladite recette, Nourredine Djaballah et le défunt Athmane Benaziez qui avaient la confiance du receveur, se chargeaient de l’opération en douce et rejoignaient le maquis. Le butin était de l’ordre de 12 000 000 de francs. Une fortune pour l’époque. Interceptés par le défunt Kacimi Mohamed au volant de sa voiture, ils traversèrent la ville comme s’ils étaient en mission de perception, pour être ensuite conduits à Roumana. L’orateur ne manquera pas à la fin d’évoquer ce grand moussebel qu’a été le défunt Ziane Essed, dit le « borgne », son domicile dans les Haouamed ne désemplissait pas de djounoud en transit. Il assurait gîte et couvert. Beaucoup de valeureuses femmes perdaient l’usage de leurs mains à force de pétrir le pain pour de pleines katibate.

Il rappelle, non sans émotion et avec beaucoup de fierté, le sacrifice de ces deux sœurs en Kabylie qui se jetèrent dans un précipice. Elles refusaient ainsi une demande en mariage qui leur était faite par deux harkis ! Ne voulant certainement pas contrevenir à la volonté de leur tuteur, soumis sans nul doute à la pression, elles préservèrent l’honneur du clan par le sacrifice suprême. Le silence religieux de l’assistance à majorité juvénile et le peu de questions posées renseignaient, un tant soi peu, sur l’attrait magique de la narration des faits par un des principaux acteurs. Et c’est dans ces circonstances où l’expression « On buvait ses paroles » trouverait sa plénitude. Le commandant Amor Sakhri, responsable de la zone de 1956 à 1958, a, quant à lui, énuméré les différentes étapes du militantisme d’hommes illustres de l’association El Islah autour de Cheikh Ziane Achour dès 1955. Il citera Abdelkader Hamida, Lamouri Fakani, Tahar Meftah dit « Lebkhour », Abdelkader Lebsir. Sur le plan militaire, la zone a été soumise à un déluge de feu à travers d’innombrables batailles, Djebel Zaâfrania, « Fernène » sur la carte d’état-major, a connu à lui seul plus de 12 batailles dont la dernière et décisive contre les hordes de Belounis.

A propos de ce félon, l’histoire retiendra que sa sédition a fait reculer le terme de la guerre de plusieurs années. Sa machiavélique création n’avait pas d’autres buts que de contrer l’ALN et de protéger la route du pétrole récemment découvert au Sahara. C’est au titre des nombreuses batailles menées à Zaâfrania que le défunt Mohamed Boudiaf comptait commémorer la fête de l’indépendance de l’année 1992 à Oued Chaïr (Mohamed Boudiaf actuellement) au pied de l’ inexpugnable djebel, siège du commandement général de la wilaya. Le destin en décida autrement, un certain 29 juin de la même année. Les nombreuses batailles menées par l’ALN, inaugurées par celle de Dermel en 1956 et les suivantes marqueront pour longtemps les annales guerrières de l’armée française. Il citera, entre autres, celles de Kerdada, M’Harga 1 et 2, Doukhane, Metalahoutha, Zerga, Mimouna et Djebel Thameur. La Wilaya VI n’a dû sa survie qu’au soutien logistique de Bou Saâda, des Zibans et de Messaâd au pied du Djebel Boukhil. Les notables et beaucoup de chefs religieux ont, en dépit des apparences, constitué les premiers noyaux de l’action politico-administrative.

La ville devenait de plus en plus difficile d’accès, ses trois accès principaux étaient placés sous bonne garde. C’est grâce à la population, qui prit fait et cause avec la révolution, que les djounoud et fidayine circulaient presque librement à l’intérieur de la communauté citadine. Hamouda Chabane, enseignant universitaire et chercheur, invité à prononcer quelques mots sur l’événement, a eu à exprimer sa fierté devant cette reviviscence de la mémoire et ces initiatives louables pour dépoussiérer des pans entiers de l’histoire commune. Quelques témoignages ont été apportés à l’assistance dont le plus émouvant fut celui de Belkacem Didiche, ancien infirmier de l’ALN. La gorge nouée par l’émotion, il raconta à la salle le martyre à vif du défunt Kaddour El Bahi, victime d’un engin explosif. Les dégâts corporels occasionnés étaient tellement nombreux qu’il était presque impossible qu’il leur survive.

L’amputation de l’avant-bras pratiquée sur lui à vif par le commandant Chérif Kheïredine avec la scie d’un couteau suisse relève plus du miracle que de l’acte médical propre. Après guérison du moignon dont il se moquait lui-même, Si Chérif lui prédisait un appareillage en URSS. Le sort fut ainsi jeté, et l’invalide fut appareillé à l’indépendance en Bulgarie ! Le colloque se termina avec la recommandation d’envisager la création d’une fondation de la Wilaya VI, à l’instar des autres Wilayas historiques.

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 14:31

 

 

 

 

La mosquée avec son minaret octogonal, a été pendant longtemps, la fierté du quartier et de la ville. Les mouadhines Wahab et Lach’hab malvoyants, étaient sciemment choisis par la Djemaâ, pour l’appel à la prière du haut du minaret. Leur infirmité préservait, l’intimité des foyers que le minaret surplombait. Les marches en colimaçon du minaret, donnaient le tournis aux non initiés. Ce petit lieu du culte, disposait d’une terrasse où l’on pratiquait les prières du Maghreb et du Icha’a en été. La salle d’ablution en sous sol, était centrée d’un bassin circulaire et d’un banc faïencé de même forme. On puisait l’eau dans le creux de la main pour s’ablutionner. L’intérieur de la salle de prière, comportait quatre rangées de colonnes qui sustentaient les arceaux. Le fond clair obscur, où serait enterré le patriarche des Néchnèch, offrait aux lecteurs un espace de recueillement. Immédiatement au dessus, une sedda (mezzanine) toute de bois, sert de salle de prière pour les femmes. Celles-ci, y accédaient par un accès dérobé, à partir de l’école coranique. Le mihrab et le minbar, étaient sertis de belles ciselures en émail. Cette école coranique gérée par la communauté, eut des maîtres de renom , de cheikh Zerrouk qui y organisait la première médersa mixte au cheikh El Moghrabi, venu de son lointain Tafilalt. Le taleb était totalement pris en charge par la communauté. Si Belkacem Chemissa et Si Lahrèche Cheikh, l’homme au tricycle, avaient succédé aux premiers nommés.
On peut accéder à partir du parvis de la mosquée, soit vers l’oued et à la palmeraie qu’on appelle « Jenna » ou à l’esplanade de « Lemsayrah ». Cette aire servait pour longtemps aux randonnées camelines touristiques de Mohamed « El-Guizaoui » et de Benaissa « El Hemdi ». Deux européennes, une suissesse et une anglaise y élisaient domicile.

Où s’arrêtent les Ouled-Hamida ? D’aucuns disent que le quartier va jusqu’à l’hôtel Abdallah Lograda. Ceci est fort probable, du fait de l’appartenance des habitants en contrebas de l’hôtel « Transat ». Il s’agit des Asloun, Brahimi, Benraâd et autres. L’hôtel Lograda est en fait une grande demeure à un seul étage. De construction mauresque raffinée, elle dispose d’un jardin suspendu sur sa façade postérieure. Planté sur un espace surélevé par des murs de soutènement fait de moellons de pierre, le jardin était agrémenté de plusieurs essences, dont le citronnier.
La Djemaâ se retrouvait toujours après la dernière prière du soir. Elle se regroupait à l’angle de la rue menant à la mosquée et la pénétrante du quartier. Ce point stratégique contrôlait, l’entrée principale de la « Hara ». On l’appelait « Dhaouya », en référence à la lampe de l’éclairage public. Il y en avait en tout et pour tout, trois points lumineux. Le réseau électrique s’installait dès l’année 1938. Les leaders, palabraient de tout. Ils géraient la vie courante de la communauté. A la veille de l’Indépendance, Si Messaoud ben Ali ben Slimane (Brahimi) était son dernier chef de fraction. On remarquera que le nom de famille, imposé par la colonisation, n’a pas pu violer le coutumier.
Badredine Mohamed assassiné à Haouch Naas, était le relais de Achour Ziane. Il recrutait pour le maquis de Palestro. Les Guéouèche s’énorgueillisent d’avoir générer Boualem l’intrépide, dont l’arme à poing de fidai, abattait plusieurs collaborateurs et militaires français. Les Ouled Hamida ont eu leur hôteliers et restaurateurs, Ahmed Lograda, Med Seghir Lamara, Lakhdar « Mirage », Messaoud Meftah et Belkacem Touha. Ce dernier est le dernier survivant de cette belle lignée. Mohamed Rachid géomètre, Ali Harkat défenseur de justice, Menadi Makhalet écrivain public, faisaient la jonction avec le bureau arabe, pour éviter à leurs congénères, les vexations de l’humiliation. H’mam son charretier qui assurait « Rihlata chitai ou assaiffi » entre sa ville et Djelfa, était en même temps le fossoyeur bénévole. Le moulin des Mozabite, tenu par Abdallah Bensaâdoun, pourvoyait la communauté en mouture de grain. Amar ben Sakhri était le grimpeur de palmier attitré, pour les opérations de pollinisation ou de récolte de datte. Lors de la campagne les enfants amusés, recevaient sur la tête tels des grêlons, les dattes qui tombent du palmier ébroué avant la taille des régimes.
D’où tirait-elle, cette autarcie, ses maigres ressources ? L’épandage des eaux de crue au Madher, permettait de récolter quelques décalitres (S’aâ) de blé dur. Les jardins offraient les produits maraîchers de subsistance. La tomate, l’abricot et le piment en surabondance, étaient séchés sur la terrasse, ils serviront dès l’arrière saison. Les quelques moutons confiés au pasteur, produisaient la laine et le beurre de brebis. La toison fournissait la matière d’œuvre pour les infatigables tisseuses. La moyenne annuelle de production, allait jusqu’à dix burnous et quelques haiks et tapis. La vente en était assurée, par Slimane Ghomras et Hama Hadji. Le lait matinal provenait des chèvres domestiques. Conduites par un berger payé au mois, elles paissaient sur le piémont du Kerdada, pour ne revenir que le soir. De retour au bercail, chacune d’elles, se détache du troupeau pour donner un coup de tête à la porte familière, annonçant ainsi son retour. Les maisons qui ne disposaient pas du « tout à l’égout », faisaient vidanger leurs fosses une fois l’an. Les produits organiques transportés à dos de baudet, faisaient l’objet d’épandage de fertilisation dans la palmeraie. La datte commune récoltée selon un rituel, constituait l’aliment énergétique de base de la cellule familiale. La poche pleine de dattes sèches, les enfants partaient tôt le matin, à l’école coranique, pour rejoindre ensuite l’école publique.

La Ramlaya, recevait le ciné-bus. Le mur du garage des autocars « Satac » où la communauté avait El-Guerri ben Amar comme relais, servait d’écran de projection. Cette place a été le théâtre de plusieurs actions de fidaine. En représailles à l’une de ces actions, l’armée coloniale y assassinait nuitamment en 1957, cinq (5) détenus, sur lesquels, elle faisait passer un half-track. Cette place portera le nom de « la Victoire » et bien plus tard celui de l’Emir Abdelkader. Le chahid Hamida Abdelkader militant de l’UDMA et compagnon de Abbas, y tenait un commerce de gramophone et de disques d’ardoise. Mélomane, probablement par nécessité pour dissimuler son activisme, il adulait Med Abdelouahab qu’il rencontrait d’ailleurs au Caire, lors d’un retour de pèlerinage à la Mecque. Cette même place servira au tournage de « Septembre noir », « Silène » et « Décembre » en post Indépendance. Le syndicat d’initiative de tourisme, abrité dans un minuscule réduit surmonté d’une Koubba, était tenu par Dib El-Khadir. A barbe blanche, enturbanné à l’ancienne, pantalon ample et gilet à col d’officier, il était l’archétype sémitique de l’Arabe. On dit que son buste serait exposé au musée de l’Homme à New-York. Ce personnage pittoresque, fut pendant longtemps le « clou » de la cité. Il assumait les fonctions de crieur public. Il faisait précéder ses « Avis » par un roulement de tambour. Il annonçait aussi le programme de l’unique salle de cinéma, appelée « Odéon », tenue par Hadj Ahmed Bensiradj. Ce tableau à la limite de la couleur locale, n’appelle aucun commentaire, sinon de dire : c’est dans l’adversité que germent les grands desseins.

DHIAB Ben Ghanem

Note de renvoi*
« Le Mouvement révolutionnaire en Algérie » p 54
. Ali Mahsas[b]

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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 14:30
Khelifi Ahmed  "le palmier Chantant" une des voix du patrimoine Nord Africains.



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